Niveau de spoil : aucun
D’ici quelques années, une nouvelle discipline fera fureur dans les lycées pour filles : l’art du tank (senshado). Tout comme l’art floral, cette pratique uniquement féminine permet d’améliorer la grâce et la force de caractère. Deux équipes dotées de différents tanks de la seconde guerre mondiale s’affrontent donc dans des tournois prestigieux retransmis sur écrans géants. Après une expérience malheureuse comme commandante de char dans son ancienne école, Miho Nishizumi pense être débarrassée du senshado lorsqu’elle débarque à l’académie d’Oarai. Mais son destin va la rattraper et, entourée de ses nouvelles amies, elle va se lancer à la conquête du titre national inter-lycée.
Lorsque cet anime est sorti, je ne voulais pas en entendre parler. Un tankiste de la seconde guerre mondiale, c’est un mec viril, mal rasé et qui pue l’huile de moteur : des lolis dans un panzer IV, quel scandale ! À la limite, on peut en jeter une dans le char pour que l’équipage s’amuse un peu avec elle, après plusieurs mois sans permission, ça peut les détendre. De plus, les quelques batailles que j’avais vues sur YouTube ne m’enthousiasmaient guère.
Mais plusieurs mois après la sortie de Girls Und Panzer, une chose m’a fait changer d’avis : le buzz. Rarement une série aussi courte (12 épisodes) aura provoqué autant de photomontages, de détournements, de fan arts. C’est à travers le jeu World Of Tanks, qui m’accapare une à deux heures par jour depuis 18 mois, que j’ai découvert les perles qui découlaient de cet anime. Sur le forum de WoT, le topic GuP tient pas moins de…2227 pages. On ne compte d’ailleurs plus le nombre de crossover entre ces deux univers, qu’ils soient officiels ou non.
J’ai donc laissé sa chance au produit et je n’ai pas vraiment été déçu (mes attentes étaient de toute façon assez faibles).
En effet, GuP possède deux gros points forts : les graphismes et la bande-son.
La parfaite représentation des chars saute aux yeux immédiatement. Cet anime s’adressant principalement aux military otakus, un maximum d’effort a été porté sur la modélisation de ces monstres d’acier. Aucun détail ne manque, même les moindres caractéristiques techniques ont été parfaitement reproduites.
Les batailles sont au contraire totalement WTF, les capacités réelles des chars passant bien après le besoin de spectacularité. On s’en fout, personne n’attendait quelque chose de réaliste après avoir lu le synopsis. Les batailles sont prenantes et c’est tout ce qui compte. Si la plupart du temps, il s’agit d’affrontements peu intéressants, toutes les batailles comportent des scènes qui m’ont captivé ou amusé : la course poursuite entre les Shermans et les tanks d’Oarai, le raid du Panzer 38(t) contre Pavda, le combat final entre les sœurs Nishizumi etc…
J’ai eu un énorme coup de cœur pour la bande son de Girls Und Panzer. Si les deux génériques sont d’une mièvrerie absolue, le reste de l’OST est remplie de musiques historiques, notamment de la seconde guerre mondiale. Je n’aurais jamais cru entendre The British Grenadiers, Katyusha, le Panzerlied ou Erika dans une série japonaise. J’ignore si c’est parce que je suis un passionné d’histoire ou si c’est parce que j’ai de graves problèmes psychologiques, mais j’ai limite eu les larmes aux yeux lorsque j’ai entendu l’US field artillery march. Même les thèmes originaux de la série sont parfaitement dans le ton.
Bon graphisme, excellente musique… Vous remarquez que je n’ai pas encore souligné les qualités du scénario ? C’est normal, il est totalement naze. On retrouve la sempiternelle histoire d’une petite équipe sans expérience qui, grâce à sa détermination et à la force de l’amitié, finira pas triompher d’adversaires a priori invincibles. Si le scénario est cliché, il en est de même des personnages : la timide niaise, la military otaku, la coodere, la bimbo, la loli etc… Il ne manque que la tsundere pour compléter le tableau des stéréotypes de l’animation japonaise.
Ah et ne cherchez pas de méchants : dans le monde de GuP, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Même une garce sadique finira par féliciter ses adversaires victorieux. J’exclus la mère psychopathe de Miho qui considère qu’il est plus important de remporter un match que de sauver la vie de ses camarades, elle n’apparait pas assez pour avoir un effet sur la série.
Et bien entendu, comme dans toutes les séries de ce genre, on joue à fond la carte du moe pour attendrir le téléspectateur. Sauf que cette fois, j’ai honte de l’avouer, j’ai marché à fond.
J’ignore pourquoi mais oui, j’ai trouvé toutes ces filles super mignonnes, je me suis attaché à ces personnages pourtant vides de toute complexité. J’ai retrouvé ce que je décrivais dans mon billet sur Fight Girl, à savoir une affection pour les personnages un peu simples d’esprit. Oui les filles de Girls Und Panzer sont niaises mais elles sont habitées par une joie de vivre communicative.
Je vais décrire une scène résumant parfaitement GuP. Yukari et Erwin vont faire une reconnaissance à pied pour découvrir les positions des chars adverses. Reconnaissance qui normalement implique une grande discrétion. Sauf que ces deux charmantes imbéciles chantent en cœur une célèbre marche militaire japonaise. Le tout en jupe et sous la neige. La situation est totalement incongrue mais elles sont tellement adorables, je n’ai pu que craquer.
À la fois stupide, drôle, stéréotypé et attachant, j’ai finalement passé un bon moment devant Girls Und Panzer. Pourtant, j’aurais du mal à le conseiller tant il faut vraiment entrer dans le délire pour apprécier cet anime. Faute de quoi, vous vous ennuierez à coup sûr.
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