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Katawa Shoujo : Shizune, Rin et Emi

Suite du précédent article où je me penchais sur les routes de Lilly et de Hanako, j’aborde cette fois celles de Shizune, de Rin et de Emi. C’est toujours aussi subjectif et toujours autant bourré de spoilers, vous voilà prévenus.

Shizune

Oula, ah oui quand même. Vous vous souvenez, j’avais dit que malgré tous leurs défauts, les routes de Lilly et même de Hanako m’avaient ému. Ben cette route, c’est l’exact inverse : pas tellement de défauts mais qu’est-ce-que je me suis emmerdé…

Bon on va passer rapidement sur les rares qualités de cette route. Shizune est belle comme un cœur en yukata, la partie de pêche avec Lilly et Akira était sympa, l’annonce de la bisexualité de Misha m’a surpris et les scènes érotiques sont superbes. Voilà, je vous avais dit que ce serait rapide non ? Quoique j’émets un bémol quand même sur les scènes de sexe, un défaut qu’on retrouve dans presque toutes les routes. Je ne suis pas un expert dans ce domaine, mais il me semble qu’il devrait y avoir un peu plus de temps entre le premier baiser et la première pénétration non ? D’un point de vue personnel, la dernière fois que les deux s’étaient enchainés aussi vite, ça m’avait couté 150€…

Entre deux scènes de cul, l’auteur semble avoir oublié que Hisao et Shizune sortaient ensemble et c’est là LE gros problème de cette route : il n’y a pas l’ombre d’une romance entre eux. Pas de rendez-vous galant, pas de « je t’aime », pas de regard amoureux, le néant total. Alors entendons nous bien. Que l’auteur préfère se consacrer à la relation à trois avec Misha, je peux comprendre. Mais dans ce cas-là, ne les fais carrément pas sortir ensemble idiot ! Ça aurait pu être sympa : Misha est amoureuse de Shizune, celle-ci la rejette avec son tact habituel puis est gênée d’avoir rendu sa meilleure (et seule) amie malheureuse et Hisao est au milieu de tout ça, essayant avec plus ou moins de réussite de recoller les morceaux.

Mais non, à la place on a des dialogues abscons qui perdent le lecteur, ne sachant plus trop qui pense quoi. C’est d’autant plus dommage que la déclaration de Hisao à Shizune durant Tanabata était réussie, mignonne et moderne. Mais après plus rien, juste de la psychologie de bazar qui m’a ennuyé au possible (et au vu de certaines réactions sur le net, je suis loin d’être le seul). C’est d’ailleurs le paradoxe de cette route : c’est celle qui s’étend sur toute l’année scolaire mais c’est aussi celle où il se passe le moins de choses…

Et puis quand Kenji est le personnage le plus classe de la route, c’est quand même qu’il y a un souci non ?

No matter how i look at it, it’s you girls’ fault i’m not popular!

Rin

Dans l’acte 1, Rin était le personnage que je qualifierais de plus intéressant. Ses réflexions venues de nul part et son attitude détachée de tout me faisaient plutôt marrer. Un indice aurait dû tout de même me mettre sur la voie de ce qui m’attendait : le jour du festival de l’école, Hisao et Rin se contentent de rester côte à côte sans se parler. Je ne pouvais pas m’imaginer que quasiment toute l’histoire serait comme ça. Après la route galère de Shizune, j’avais espéré de bons moments de détente… Et je me suis planté.

Je m’attendais à de l’humour et j’ai été déçu, c’est au contraire une des histoires les plus tristes du jeu. Une romance basée sur l’incompréhension mutuelle entre deux êtres que tout oppose. Je n’ai pas ressenti d’émotions à la fin de la route, probablement parce que Rin est tellement perchée qu’il est impossible de s’attacher à elle. J’ai d’ailleurs bien du mal à imaginer Hisao vivre heureux après le générique de fin : comment connaitre le bonheur avec quelqu’un qu’on ne comprend pas et pire, qui ne se comprend pas elle-même ? À l’arrivée, je ne retiens pas grand chose de cette route, aucune scène ne m’a vraiment marqué.

Les passages érotiques se distinguent tout de même. Contrairement aux autres routes, il y a une variété d’actes et une progression logique de leurs rapports. On sort du classique bisou + pénétration dans la foulée. Mais c’est bien là le seul point positif de cette histoire.

Le scénariste a également fait un choix étrange : celui de faire totalement l’impasse sur le handicap de Rin. Celui-ci est pourtant le plus lourd de tous, elle est la seule des filles de Katawa Shojo à ne pas être indépendante puisqu’elle a besoin d’aide pour des choses aussi quotidiennes que s’habiller. On aurait probablement pu creuser dans ce sens, développer une réflexion intéressante sur le thème de la dépendance des handicapés lourds… Mais non, rien de tout ça.

Finalement c’est assez drôle : j’ai été détaché de cette route autant que Rin est détachée de sa propre vie.

Le symbole de cette route : deux êtres qui regardent dans des directions opposées.

Emi

Emi était la seule fille qui ne m’intéressait pas du tout dans l’acte 1, je l’a trouvais trop « normale ». Si je n’avais pas déjà fait les quatre autres routes, j’aurais probablement zappé celle-là. Et ça aurait été une grosse erreur.

La route d’Emi est une des mieux écrite, elle réunit tout ce qu’il faut pour avoir une bonne histoire : des personnages attachants, une problématique sérieuse et une fin satisfaisante.

On ressent de l’empathie pour Hisao qui a enfin des réactions censées. Le développement de son sentiment amoureux pour Emi est très bien amené, il ne se pose pas une tonne de questions inutiles. Il ne comprend pas le comportement d’Emi ? Il réfléchit, pèse le pour et le contre, prend une décision et insiste pour avoir des réponses sans pour autant être relou. Il nous surprend même lorsqu’il jette la lettre d’Iwanako avant de finir de la lire : il est passé à autre chose, revenir sur son passé n’a aucun intérêt. En fait, il n’y a que dans cette route que Hisao n’est pas un héros émo.

La normalité d’Emi dont je parlais plus haut cache en réalité une personnalité sombre qui ne veut pas s’attacher aux autres par peur de les perdre. On peut la rapprocher de Hanako qui dresse elle aussi des barrières de protection autour d’elle. Sauf que cette dernière se cache dans un mutisme qui finit par frustrer le lecteur alors qu’Emi, toujours pleine de vie, refuse simplement d’aller trop loin dans une relation. Non seulement on comprend sa façon de penser mais on se dit qu’on ferait peut être la même chose à sa place.

Je pense enfin que cette route est celle qui traite le mieux le handicap. La perte des jambes d’Emi et le traumatisme qui a suivi vont rythmer toute l’histoire. Si physiquement elle a réussi à surpasser son handicap, c’est surtout mentalement qu’elle est blessée, situation aggravée par la disparition de son père. On souligne d’ailleurs la grosse différence qui existe entre ceux qui ont perdu leurs membres (Emi) et ceux qui n’en ont jamais eu (Rin) : ce que l’on a jamais connu ne nous manque pas.
Mais heureusement tout se terminera bien : Hisao à force de persévérance finira par briser le mur qui entoure Emi, cette dernière ne demandant inconsciemment que cela.

Un mot rapide sur les scènes érotiques : tout comme le reste de l’histoire, celles-ci suivent un déroulement logique et réaliste. La petite « expérimentation » dans le local d’athlétisme aurait pu être glauque s’il elle n’avait pas été aussi bien amenée. Après tout notre petit couple est en pleine force de l’âge, rien d’étrange à ce qu’ils se laissent un peu aller.
À souligner également un Hisao (décidément toujours très juste)  qui est physiquement attiré par Emi très rapidement dans la route. Le désir monte donc progressivement en lui, ça évite d’avoir une scène de cul sortie de nul part (coucou Shizune).

Seul léger défaut de la route : le choix qui détermine la bonne/mauvaise fin est bizarre. J’ai du mal à comprendre en quoi se répandre auprès de Misha est essentiel au développement de la romance de Hisao. C’est la seule faute de goût de cette route, c’est dire à quel point elle est réussie.

Des goûts vestimentaires de merde : voilà le vrai handicap de Hisao.

Et bien voilà c’est finit. Je me sens un peu triste d’avoir terminé cette VN qui m’aura occupé durant deux mois. Deux bonnes routes (Lilly, Emi), deux moyennes (Hanako, Rin) et une mauvaise (Shizune). À l’arrivée, on obtient une très bonne VN, surtout pour un studio amateur dont c’est la première production.
Quelques remarques en vrac pour terminer :

– Je ne l’ai pas souligné parce que c’est un point commun à toutes les routes : le graphisme et la musique sont excellents. Grâce à mes screenshots vous avez pu admirer le soin apporté aux CG, il a souvent été difficile de faire un choix. Quant à la bande son, elle regorge de thèmes de qualité qui ne détonneraient pas dans une production professionnelle.

– La fille qui fait l’unanimité sur internet est Akira. Autrement dit, la seule fille qui n’a aucun handicap. Hum…

– Des parents morts, absents ou psychopathes : c’est sûrement une astuce pour que nos belles dulcinées viennent trouver refuge dans nos bras plutôt qu’auprès de leur famille.

 

Et vous, quelle est votre route préférée ?